THE GREAT DISASTER

Depuis que le Titanic a sombré, emportant avec lui des centaines d’âmes dans les glaces, des dizaines de lustres et trois mille cent soixante-dix-sept petites cuillères, Giovanni Pastore raconte son histoire : l’enfance campagnarde dans les montagnes du Frioul, l’errance de l’émigré sur les routes d’Europe, l’embarquement et l’emploi de plongeur responsable des cuillères à dessert dans les soutes du monstrueux paquebot.

Giovanni Pastore ne montera pas sur les radeaux de sauvetage, ne sera pas comptabilisé parmi les disparus et hantera à jamais les flancs du bateau. Alors, dans la grande solitude des mers, il ressasse son existence. Il a gardé son costume d’émigrant, celui qu’il a emporté dans la mort. Il n’est plus d’une terre. Il est de ceux qui errent, en transit sous un vague territoire : la mer, devenue zone de rétention. Camp. Il s’est reconstruit un espace à vivre, à jouer, sa scène. Il attend le spectateur.